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gb-1839-01-29-02

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Salvador Morhange an Felix Mendelssohn Bartholdy in Leipzig <lb></lb>Leipzig, 29. Januar 1839 Je vous demande mille pardons de la liberté que je prends de vous adresser ces quelques lignes; je suis encore sous le charme de la soirée d’hier, et je ne puis résister au désir de Felix Mendelssohn Bartholdy Correspondence Online (FMB-C) unbekannt Felix Mendelssohn Bartholdy an Salvador Morhange in Leipzig; Leipzig, 30. Januar 1839 Morhange, Salvador (1815-?)Morhange, Salvador (1815-?) Transkription: FMB-C Edition: FMB-C Felix Mendelssohn Bartholdy Correspondence Online-Ausgabe (FMB-C). Institut für Musikwissenschaft und Medienwissenschaft. Humboldt-Universität zu Berlin
Am Kupfergraben 5 10117 Berlin Deutschland
http://www.mendelssohn-online.com Creative Commons Attribution 4.0 International (CC BY 4.0)

Maschinenlesbare Übertragung der vollständigen Korrespondenz Felix Mendelssohn Bartholdys (FMB-C)

Großbritannien Oxford GB-Ob Oxford, Bodleian Library Music Section M.D.M. d. 35/42. Autograph Salvador Morhange an Felix Mendelssohn Bartholdy in Leipzig; Leipzig, 29. Januar 1839 Je vous demande mille pardons de la liberté que je prends de vous adresser ces quelques lignes; je suis encore sous le charme de la soirée d’hier, et je ne puis résister au désir de

1 Doppelbl.: S. 1-3 Brieftext; S. 4 leer. Der Brief ist vollständig in lateinischen Buchstaben geschrieben.

Salvador Morhange

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Felix Mendelssohn Bartholdy Correspondence Online-Ausgabe FMB-C: Digitale Edition der vollständigen Korrespondenz Hin- und Gegenbriefe Felix Mendelssohn Bartholdys auf XML-TEI-Basis.

Die Felix Mendelssohn Bartholdy Correspondence Online-Ausgabe FMB-C ediert die Gesamtkorrespondenz des Komponisten Felix Mendelssohn Bartholdy 1809-1847 in Form einer digitalen, wissenschaftlich-kritischen Online-Ausgabe. Sie bietet neben der diplomatischen Wiedergabe der rund 6.000 Briefe Mendelssohns erstmals auch eine Gesamtausgabe der über 7.200 Briefe an den Komponisten sowie einen textkritischen, inhalts- und kontexterschließenden Kommentar aller Briefe. Sie wird ergänzt durch eine Personen- und Werkdatenbank, eine Lebenschronologie Mendelssohns, zahlreicher Register der Briefe, Werke, Orte und Körperschaften sowie weitere Verzeichnisse. Philologisches Konzept, Philologische FMB-C-Editionsrichtlinien: Uta Wald, Dr. Ulrich Taschow. Digitales Konzept, Digitale FMB-C-Editionsrichtlinien: Dr. Ulrich Taschow. Technische Konzeption der Felix Mendelssohn Bartholdy Correspondence FMB-C Ausgabe und Webdesign: Dr. Ulrich Taschow.

29. Januar 1839 Morhange, Salvador (1815-?)counter-resetMorhange, Salvador (1815-?) LeipzigDeutschland Mendelssohn Bartholdy (bis 1816: Mendelssohn), Jacob Ludwig Felix (1809-1847) LeipzigDeutschland französisch italenisch deutsch
Morhange, Salvador (1815-?) Morhange, Salvador (1815-?) Monsieur,

Je vous demande mille pardons de la liberté que je prends de vous adresser ces quelques lignes; je suis encore sous le charme de la soirée d’hier, et je ne puis résister au désir de vous exprimer l’admiration que vous m’avez inspirée. Habitué aux hommages, le mien n’aura peut-être à vos yeux que bien peu de valeur, mais, soyez persuadé, Monsieur, qu’il est des plus vrasi; des plus sincères, sinon des plus précieux.

Je suis venu en Allemagne dans le but de m’échauffer aux rayons de son génie, dans le but de voir de près ce que je n’avais admiré encore que de loin, et d’apprécier dans son mouvement organique et pratique un pays qui mérite bien d’être étudié à sa source. J’ai choisi LeipzigLeipzigDeutschland, et, vous le dirai-je, Monsieur? ce qui a principalement contribué à me faire donner la préférence à cette ville, c’est l’espoir de vous y entendre, de vous y voir diriger cet orchestreGewandhausLeipzigDeutschland dont l’excellence, grâce à votre habilité, est devenue célèbre. Cette jouissance, je l’ai goûtée hier dans toute sa plénitude. Que vous êtes heureux, Monsieur, d’exercer sur la foule de vos auditeurs une si douce influence! J’aime l’occasion d’entendre bien des artistes distingués. ThalbergThalberg, Sigismund (1812-1871) m’a etonné par son éxecution merveilleuse, excentrique, |2| froidement impétueuse, par ses élans vigoureux, mais calculés; – HerzHerz, Henri (Heinrich) (1803-1888) m’a charmé par son jeu facile et gracieux; – l’archet d’Ole-BullBull, Ole Bornemann Johansen (1810-1880) m’a touché par ses accords empreints d’une fleur de poésie touchante et virginale; – La voix de NourritNourrit, Adolphe (1802-1839) m’a ému par ses accents suaves, par son expression pleine de charme; mais dans la magique impression qu’a produite sur moi la soirée d’hier, dont vous étiez le héros, se trouvent résumés tous ces sentimens à la fois. Vous m’avez initié aux beautés si simples, si naïves, si pures et si grandioses de BeethovenBeethoven, Ludwig van (1770-1827). AlexandreAlexandre – Alexander der Große, auch Alexander III. von Makedonien, (geb. 20. Juli 356 v. Chr. in Pella; gest. 10. Juni 323 v. Chr. in Babylon) war von 336 v. Chr. bis zu seinem Tod König von Makedonien und Hegemon des Korinthischen Bundes. doit avoir répandu des larmes de ce qu’il n’avait pas, comme Achille,Achille – Achilleus ist in der griechischen Mythologie ein Heros der Griechen (Achäer) vor Troja und der Hauptheld der Ilias des Homer. un HomèreHomer pour chanter ses victoires; – Beethoven, s’il pouvait revivre, pleurerait aussi, – mais d’attendrissement, – d’avoir trouvé en vous un si digne interprête de son génie.

Je ne suis pas artiste, Monsieur, je ne suis qu’un pauvre profane, mais mon âme est accessible à l’impression du beau que je juge, non pas systématiquement, non d’après les strictes règles de l’esthétique, mais au critérium du sentiment. Que ceci me serve d’excuse à vos yeux, si je me permets de vous dire en quelques mots ce que j’ai éprouvé hier, à l’audition de votre ouverture zum Sommernachtstraum<list style="hidden" type="fmb_works_directory" xml:id="title_h2hfvpqx-bgno-eo1o-ldrm-jsdx5oim6ean"> <item n="1" sortKey="musical_works" style="hidden"></item> <item n="2" sortKey="instrumental_music" style="hidden"></item> <item n="3" sortKey="orchestral_music" style="hidden"></item> <item n="4" sortKey="overtures_and_other_orchestral_works" style="hidden"></item></list><name key="PSN0000001" style="hidden" type="author">Mendelssohn Bartholdy (bis 1816: Mendelssohn), Jacob Ludwig Felix (1809-1847)</name><name key="PRC0100359" style="hidden">Konzert-Ouvertüre Nr. 1 zu Shakespeares Sommernachtstraum E-Dur, [Juli 1826] bis 6. August 1826<idno type="MWV">P 3</idno><idno type="op">21</idno></name>.

Cette oeuvre m’a semblé une magnifique épopée où vous avez déposé tout ce que votre âme contenait d’amour, de parfum, de poésie. Cette musique a quelque chose d’idéal que frappe l’imagination et subjugue le coeur. Je croyais entendre la harpe d’Ossian,Ossian ist ein vermeintlich altgälische Epos aus der keltischen Mythologie. Diese Gesänge des Ossian hat jedoch der Schotte James Macpherson (1736–1796) geschrieben. Als Verfasser des Werkes wurde darauf fälschlich der aus der schottisch-gälischen Mythologie bekannten Ossian identifiziert. ou relire le cinquième chant de l’Inferno<name key="PSN0110552" style="hidden" type="author">Dante Alighieri (1265–1321)</name><name key="CRT0108502" style="hidden" type="literature">Divina Commedia (Die Göttliche Komödie)</name>, où Francesca da RiminiRimini, Francesca da (1255-1285) dit:

La bocca mi bacio tutto tremante;La bocca mi bacio tutto tremante – Dante Alighieri, La Divina Commedia, Inferno, canto V, v. 136: la bocca mi baciò tutto tremante. La bocca mi bacio tutto tremante – ital. la bocca mi baciò tutto tremante, da küßte zitternd meinen Mund auch er. |3| je croyais être transporté au sein des jardins d’Armide;Armide – Armida ist ein auf dem 1575 entstandenen Epos La Gerusalemme liberata von Torquato Tasso beruhende Opernsujet, das besonders im 18. und frühen 19. Jahrhundert beliebt war. Hauptfigur ist die Zauberin Armida, die durch ihre magischen Kräfte den Kreuzritter Rinaldo auf ihrer Insel gefangenhält. je voyais se mouvoir à mes yeux les figures créées par SchillerSchiller, Johann Christoph Friedrich (seit 1802) von (1759-1805) et ShakespeareShakespeare, William (1564-1616). Mais pour apprécier dignement une telle oeuvre, pour en comprendre la savante instrumentation, une seule audition est insuffisante: il faut l’entendre de nouveau, l’entendre souvent, l’entendre toujours. S’il est vrai, comme je l’ai lu quelque part, que vous soyez le PygmalionPygmalion – bezieht sich auf die antike Sage von Pygmalion und der Statue (Philostephanos, 3. Jahrhundert v. Chr.), in der sich Pygmalion als König von Zypern in eine elfenbeinerne Statue der Aphrodite verliebt und Geschlechtsverkehr mit ihr hat. auquel le groupe du Laocoonle groupe du Laocoon – Die Laokoon-Gruppe der Vatikanischen Museen ist die bedeutendste Darstellung des Todeskampfs Laokoons und seiner Söhne in der bildenden Kunst. devra un jour la vie et le mouvement, je ne saurais qu’applaudir à cette idée ingénieuse, avec tous les amis de l’art. Cette tâche serait belle et digne de celui que doit la remplir.

Pardonnez-moi, Monsieur, cette longue lettre; je désirais vivement trouver l’occasion de vous exprimer la franche admiration que je professe pour votre beau talent; cette occasion s’est présentée, j’en profite avec empressement: c’est en même temps m’acquitter d’une dette envers votre illustre aïeul, pour les jouissances que m’ont procurées ses écrits.

Agréez, Monsieur, je vous prie, l’assurance de ma haute considération. Salvador Morhange Représentant de la maison Méline Cans & CieMeline, Cans et Compagnie, Verlag in Brüssel de BruxellesBrüssel (Bruxelles)Belgien. Allgemeine Niederländische BuchhandlungAllgemeine Niederländische Buchhandlung, in Leipzig, Neuer NeumarktLeipzigDeutschland.Allgemeine Niederländische Buchhandlung, Neuer Neumarkt – Eine Buchhandlung in Leipzig am Neuen Neumarkt.Herr, / Ich bitte Sie tausendmal um Verzeihung, dass ich mir die Freiheit nehme, diese Zeilen an Sie zu richten; ich bin immer noch von dem gestrigen Abend verzaubert und kann dem Wunsch nicht widerstehen, Ihnen die Bewunderung auszudrücken, die Sie bei mir ausgelöst haben. Da Sie an Huldigungen gewöhnt bin, wird meine in Ihren Augen vielleicht nur von geringem Wert sein, aber seien Sie versichert, Herr, dass sie eine der wahrsten, aufrichtigsten, wenn nicht sogar wertvollsten ist. / Ich bin nach Deutschland gekommen, um mich an den Strahlen seines Genies zu wärmen, um aus der Nähe zu sehen, was ich bisher nur aus der Ferne bewundert hatte, und um ein Land in seiner organischen und praktischen Bewegung zu würdigen, das es verdient, an seinem Ursprung erforscht zu werden. Ich habe mich für Leipzig entschieden, und, wie ich Ihnen sagen werde, Herr! was hauptsächlich dazu beigetragen hat, dass ich dieser Stadt den Vorzug gegeben habe, war die Hoffnung, Sie dort zu hören, Sie dieses Orchester dirigieren zu sehen, dessen Exzellenz dank Ihres Könnens berühmt geworden ist. Dieses Vergnügen habe ich gestern in seiner ganzen Fülle genossen. Wie glücklich Sie sind, Herr, dass Sie einen so sanften Einfluss auf die Menge Ihrer Zuhörer ausüben können! Ich genieße die Gelegenheit, viele ausgezeichnete Künstler zu hören. Thalberg hat mich mit seiner wunderbaren, exzentrischen, kaltblütigen, ungestümen Ausführung und seinen kräftigen, aber berechneten Ausbrüchen erstaunt; – Herz hat mich mit seinem leichten und anmutigen Spiel bezaubert; – Ole-Bulls Bogen hat mich mit seinen Akkorden berührt, die von einer rührenden und jungfräulichen Blume der Poesie geprägt sind; – Nourrits Stimme rührte mich mit ihren lieblichen Akzenten und ihrem charmanten Ausdruck; aber in dem magischen Eindruck, den der gestrige Abend, dessen Held Sie waren, auf mich gemacht hat, sind all diese Gefühle auf einmal zusammengefasst. Sie haben mich in die so einfachen, naiven, reinen und großartigen Schönheiten Beethovens eingeführt. Alexander muss Tränen darüber vergossen haben, dass er nicht wie Achilles einen Homer hatte, um seine Siege zu besingen; – Beethoven, wenn er wieder leben könnte, würde auch weinen, aber vor Rührung, dass er in Ihnen einen so würdigen Interpreten seines Genies gefunden hat. / Ich bin kein Künstler, Herr, ich bin nur ein armer Laie, aber meine Seele ist dem Eindruck des Schönen zugänglich, das ich beurteile, nicht systematisch, nicht nach den strengen Regeln der Ästhetik, sondern nach dem Kriterium des Gefühls. Das soll mir in Ihren Augen als Entschuldigung dienen, wenn ich Ihnen in wenigen Worten erzähle, was ich gestern beim Hören Ihrer Ouvertüre zum Sommernachtstraum empfunden habe. / Dieses Werk erschien mir wie ein wunderbares Epos, in dem Sie alles, was Ihre Seele an Liebe, Duft und Poesie enthielt, niedergelegt haben. Diese Musik hat etwas Ideales, das die Vorstellungskraft trifft und das Herz überwältigt. Ich dachte, ich höre die Harfe von Ossian oder lese den fünften Gesang des Inferno, in dem Francesca da Rimini sagt: / La bocca mi bacio tutto tremante; |3| ich glaubte, in die Gärten der Armide versetzt zu werden; ich sah die von Schiller und Shakespeare geschaffenen Figuren vor meinen Augen sich bewegen. Aber um ein solches Werk würdig zu würdigen, um seine kunstvolle Instrumentierung zu verstehen, reicht ein einziges Hören nicht aus: Man muss es wieder hören, oft hören, immer hören. Wenn es stimmt, dass Sie, wie ich irgendwo gelesen habe, der Pygmalion sind, dem die Laokoon-Gruppe eines Tages Leben und Bewegung verdankt, dann kann ich nur gemeinsam mit allen Freunden der Kunst dieser genialen Idee applaudieren. Diese Aufgabe wäre schön und desjenigen würdig, der sie erfüllen soll. / Verzeihen Sie mir, Herr, diesen langen Brief; ich wollte unbedingt die Gelegenheit finden, Ihnen die ehrliche Bewunderung auszudrücken, die ich für Ihr schönes Talent empfinde; diese Gelegenheit hat sich mir geboten, und ich nutze sie eifrig: Gleichzeitig begleiche ich damit eine Schuld gegenüber Ihrem berühmten Vorfahren für die Freuden, die mir seine Schriften bereitet haben. / Bitte nehmen Sie die Versicherung meiner ausgezeichneten Hochachtung entgegen. / Salvador Morhange / Vertreter des Hauses Méline Cans & Cie aus Brüssel / Allgemeine Niederländische Buchhandlung, Neuer Neumarkt.
            Monsieur,
Je vous demande mille pardons de la liberté que je prends de vous adresser ces quelques lignes; je suis encore sous le charme de la soirée d’hier, et je ne puis résister au désir de vous exprimer l’admiration que vous m’avez inspirée. Habitué aux hommages, le mien n’aura peut-être à vos yeux que bien peu de valeur, mais, soyez persuadé, Monsieur, qu’il est des plus vrasi; des plus sincères, sinon des plus précieux.
Je suis venu en Allemagne dans le but de m’échauffer aux rayons de son génie, dans le but de voir de près ce que je n’avais admiré encore que de loin, et d’apprécier dans son mouvement organique et pratique un pays qui mérite bien d’être étudié à sa source. J’ai choisi Leipzig, et, vous le dirai-je, Monsieur? ce qui a principalement contribué à me faire donner la préférence à cette ville, c’est l’espoir de vous y entendre, de vous y voir diriger cet orchestre dont l’excellence, grâce à votre habilité, est devenue célèbre. Cette jouissance, je l’ai goûtée hier dans toute sa plénitude. Que vous êtes heureux, Monsieur, d’exercer sur la foule de vos auditeurs une si douce influence! J’aime l’occasion d’entendre bien des artistes distingués. Thalberg m’a etonné par son éxecution merveilleuse, excentrique, froidement impétueuse, par ses élans vigoureux, mais calculés; – Herz m’a charmé par son jeu facile et gracieux; – l’archet d’Ole-Bull m’a touché par ses accords empreints d’une fleur de poésie touchante et virginale; – La voix de Nourrit m’a ému par ses accents suaves, par son expression pleine de charme; mais dans la magique impression qu’a produite sur moi la soirée d’hier, dont vous étiez le héros, se trouvent résumés tous ces sentimens à la fois. Vous m’avez initié aux beautés si simples, si naïves, si pures et si grandioses de Beethoven. Alexandre doit avoir répandu des larmes de ce qu’il n’avait pas, comme Achille, un Homère pour chanter ses victoires; – Beethoven, s’il pouvait revivre, pleurerait aussi, – mais d’attendrissement, – d’avoir trouvé en vous un si digne interprête de son génie.
Je ne suis pas artiste, Monsieur, je ne suis qu’un pauvre profane, mais mon âme est accessible à l’impression du beau que je juge, non pas systématiquement, non d’après les strictes règles de l’esthétique, mais au critérium du sentiment. Que ceci me serve d’excuse à vos yeux, si je me permets de vous dire en quelques mots ce que j’ai éprouvé hier, à l’audition de votre ouverture zum Sommernachtstraum .
Cette oeuvre m’a semblé une magnifique épopée où vous avez déposé tout ce que votre âme contenait d’amour, de parfum, de poésie. Cette musique a quelque chose d’idéal que frappe l’imagination et subjugue le coeur. Je croyais entendre la harpe d’Ossian, ou relire le cinquième chant de l’Inferno, où Francesca da Rimini dit:
La bocca mi bacio tutto tremante; je croyais être transporté au sein des jardins d’Armide; je voyais se mouvoir à mes yeux les figures créées par Schiller et Shakespeare. Mais pour apprécier dignement une telle oeuvre, pour en comprendre la savante instrumentation, une seule audition est insuffisante: il faut l’entendre de nouveau, l’entendre souvent, l’entendre toujours. S’il est vrai, comme je l’ai lu quelque part, que vous soyez le Pygmalion auquel le groupe du Laocoon devra un jour la vie et le mouvement, je ne saurais qu’applaudir à cette idée ingénieuse, avec tous les amis de l’art. Cette tâche serait belle et digne de celui que doit la remplir.
Pardonnez-moi, Monsieur, cette longue lettre; je désirais vivement trouver l’occasion de vous exprimer la franche admiration que je professe pour votre beau talent; cette occasion s’est présentée, j’en profite avec empressement: c’est en même temps m’acquitter d’une dette envers votre illustre aïeul, pour les jouissances que m’ont procurées ses écrits.
Agréez, Monsieur, je vous prie, l’assurance de ma haute considération. Salvador Morhange
Représentant de la maison Méline Cans & Cie de Bruxelles.
Allgemeine Niederländische Buchhandlung, Neuer Neumarkt.          
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Sie bietet neben der diplomatischen Wiedergabe der rund 6.000 Briefe Mendelssohns erstmals auch eine Gesamtausgabe der über 7.200 Briefe an den Komponisten sowie einen textkritischen, inhalts- und kontexterschließenden Kommentar aller Briefe. Sie wird ergänzt durch eine Personen- und Werkdatenbank, eine Lebenschronologie Mendelssohns, zahlreicher Register der Briefe, Werke, Orte und Körperschaften sowie weitere Verzeichnisse. Philologisches Konzept,  Philologische FMB-C-Editionsrichtlinien: Uta Wald, Dr. Ulrich Taschow. Digitales Konzept, Digitale FMB-C-Editionsrichtlinien: Dr. Ulrich Taschow. Technische Konzeption der Felix Mendelssohn Bartholdy Correspondence FMB-C Ausgabe und Webdesign: Dr. Ulrich Taschow.</p></editorialDecl></encodingDesc> <profileDesc> <creation><date cert="high" when="1839-01-29" xml:id="date_907baf99-cccc-45ac-9632-d820f582a24a">29. 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J’ai choisi <placeName xml:id="placeName_9ad8f1ee-0370-46bb-85fb-494cecf273c6">Leipzig<settlement key="STM0100116" style="hidden" type="locality">Leipzig</settlement><country style="hidden">Deutschland</country></placeName>, et, vous le dirai-je, Monsieur? ce qui a principalement contribué à me faire donner la préférence à cette ville, c’est l’espoir de vous y entendre, de vous y voir diriger cet <placeName xml:id="placeName_515f5c2c-9d07-41b0-a673-626c70c4f62c">orchestre<name key="NST0100494" style="hidden" subtype="Orchester" type="institution">Gewandhaus</name><settlement key="STM0100116" style="hidden" type="locality">Leipzig</settlement><country style="hidden">Deutschland</country></placeName> dont l’excellence, grâce à votre habilité, est devenue célèbre. Cette jouissance, je l’ai goûtée <date cert="high" when="1839-01-28" xml:id="date_ac23c8e1-fed5-47c9-971e-153f3fb2387e">hier</date> dans toute sa plénitude. Que vous êtes heureux, Monsieur, d’exercer sur la foule de vos auditeurs une si douce influence! J’aime l’occasion d’entendre bien des artistes distingués. <persName xml:id="persName_edabad3a-6039-4ffd-8a33-67c638242cf7">Thalberg<name key="PSN0115297" style="hidden" type="person">Thalberg, Sigismund (1812-1871)</name></persName> m’a etonné par son éxecution merveilleuse, excentrique,<seg type="pagebreak"> |2|<pb n="2" type="pagebreak"></pb></seg> froidement impétueuse, par ses élans vigoureux, mais calculés; – <persName xml:id="persName_52c494ec-4c65-4168-8de8-6d8615ed7b9c">Herz<name key="PSN0111939" style="hidden" type="person">Herz, Henri (Heinrich) (1803-1888)</name></persName> m’a charmé par son jeu facile et gracieux; – l’archet d’<persName xml:id="persName_1ad6e2f1-edb3-476e-adba-8f0a62f37dc7">Ole-Bull<name key="PSN0110182" style="hidden" type="person">Bull, Ole Bornemann Johansen (1810-1880)</name></persName> m’a touché par ses accords empreints d’une fleur de poésie touchante et virginale; – La voix de <persName xml:id="persName_b3e03597-bb9b-4179-8e61-9a23f78b10be">Nourrit<name key="PSN0113618" style="hidden" type="person">Nourrit, Adolphe (1802-1839)</name></persName> m’a ému par ses accents suaves, par son expression pleine de charme; mais dans la magique impression qu’a produite sur moi la soirée d’hier, dont vous étiez le héros, se trouvent résumés tous ces sentimens à la fois. Vous m’avez initié aux beautés si simples, si naïves, si pures et si grandioses de <persName xml:id="persName_38735bf8-2737-4ec1-9d56-9cf8daf2ed04">Beethoven<name key="PSN0109771" style="hidden" type="person">Beethoven, Ludwig van (1770-1827)</name></persName>. Alexandre<note resp="FMBC" style="hidden" type="single_place_comment" xml:id="note_8de98c14-6e96-45f2-b407-34a580ed7e63" xml:lang="fr ">Alexandre – Alexander der Große, auch Alexander III. von Makedonien, (geb. 20. Juli 356 v. Chr. in Pella; gest. 10. Juni 323 v. Chr. in Babylon) war von 336 v. Chr. bis zu seinem Tod König von Makedonien und Hegemon des Korinthischen Bundes.</note> doit avoir répandu des larmes de ce qu’il n’avait pas, comme Achille,<note resp="FMBC" style="hidden" type="single_place_comment" xml:id="note_bfd109d1-470f-4305-9281-4666f76cf6ff" xml:lang="fr ">Achille – Achilleus ist in der griechischen Mythologie ein Heros der Griechen (Achäer) vor Troja und der Hauptheld der Ilias des Homer.</note> un <persName xml:id="persName_0aff94ea-3b2e-408a-a2ce-430a49bfbfcc">Homère<name key="PSN0112080" style="hidden" type="person">Homer</name></persName> pour chanter ses victoires; – Beethoven, s’il pouvait revivre, pleurerait aussi, – mais d’attendrissement, – d’avoir trouvé en vous un si digne interprête de son génie.</p> <p>Je ne suis pas artiste, Monsieur, je ne suis qu’un pauvre profane, mais mon âme est accessible à l’impression du beau que je juge, non pas systématiquement, non d’après les strictes règles de l’esthétique, mais au critérium du sentiment. Que ceci me serve d’excuse à vos yeux, si je me permets de vous dire en quelques mots ce que j’ai éprouvé hier, à l’audition de votre <title xml:id="title_b739f436-7bab-49fe-a699-3852b04c17ae">ouverture zum Sommernachtstraum<list style="hidden" type="fmb_works_directory" xml:id="title_h2hfvpqx-bgno-eo1o-ldrm-jsdx5oim6ean"> <item n="1" sortKey="musical_works" style="hidden"></item> <item n="2" sortKey="instrumental_music" style="hidden"></item> <item n="3" sortKey="orchestral_music" style="hidden"></item> <item n="4" sortKey="overtures_and_other_orchestral_works" style="hidden"></item></list><name key="PSN0000001" style="hidden" type="author">Mendelssohn Bartholdy (bis 1816: Mendelssohn), Jacob Ludwig Felix (1809-1847)</name><name key="PRC0100359" style="hidden">Konzert-Ouvertüre Nr. 1 zu Shakespeares Sommernachtstraum E-Dur, [Juli 1826] bis 6. August 1826<idno type="MWV">P 3</idno><idno type="op">21</idno></name></title>.</p> <p>Cette oeuvre m’a semblé une magnifique épopée où vous avez déposé tout ce que votre âme contenait d’amour, de parfum, de poésie. Cette musique a quelque chose d’idéal que frappe l’imagination et subjugue le coeur. Je croyais entendre la harpe d’Ossian,<note resp="FMBC" style="hidden" type="single_place_comment" xml:id="note_0733b76f-ee8a-4c85-891b-3f48d8504ee5" xml:lang="fr ">Ossian ist ein vermeintlich altgälische Epos aus der keltischen Mythologie. Diese Gesänge des Ossian hat jedoch der Schotte James Macpherson (1736–1796) geschrieben. Als Verfasser des Werkes wurde darauf fälschlich der aus der schottisch-gälischen Mythologie bekannten Ossian identifiziert.</note> ou relire le<title xml:id="title_aa822ea8-10a7-453e-98ef-4d115184e860"> cinquième chant de l’Inferno<name key="PSN0110552" style="hidden" type="author">Dante Alighieri (1265–1321)</name><name key="CRT0108502" style="hidden" type="literature">Divina Commedia (Die Göttliche Komödie)</name></title>, où <persName xml:id="persName_5647834b-0e03-4a14-8032-d8353e1010e6">Francesca da Rimini<name key="PSN0117964" style="hidden" type="person">Rimini, Francesca da (1255-1285)</name></persName> dit: </p> <p><foreign xml:id="foreign_c4b2ff63-b3ca-4204-8042-095ec005d8fb" xml:lang="it">La bocca mi bacio tutto tremante</foreign>;<note resp="FMBC" style="hidden" type="single_place_comment" xml:id="note_fe0e73d1-e4eb-4850-8003-b42333928010" xml:lang="fr ">La bocca mi bacio tutto tremante – Dante Alighieri, La Divina Commedia, Inferno, canto V, v. 136: la bocca mi baciò tutto tremante. </note><note resp="FMBC" style="hidden" type="translation" xml:id="note_b7134627-eb79-4f61-b1a4-16f9c4f78077" xml:lang="it ">La bocca mi bacio tutto tremante – ital. la bocca mi baciò tutto tremante, da küßte zitternd meinen Mund auch er.</note><seg type="pagebreak"> |3|<pb n="3" type="pagebreak"></pb></seg> je croyais être transporté au sein des jardins d’Armide;<note resp="FMBC" style="hidden" type="single_place_comment" xml:id="note_14402b95-f3a5-484f-b90e-f07794a4cafc" xml:lang="fr ">Armide – Armida ist ein auf dem 1575 entstandenen Epos La Gerusalemme liberata von Torquato Tasso beruhende Opernsujet, das besonders im 18. und frühen 19. Jahrhundert beliebt war. Hauptfigur ist die Zauberin Armida, die durch ihre magischen Kräfte den Kreuzritter Rinaldo auf ihrer Insel gefangenhält.</note> je voyais se mouvoir à mes yeux les figures créées par <persName xml:id="persName_1d63a174-7504-4b91-90cb-954c3d29a054">Schiller<name key="PSN0114545" style="hidden" type="person">Schiller, Johann Christoph Friedrich (seit 1802) von (1759-1805)</name></persName> et <persName xml:id="persName_958174ae-143f-4109-85f6-07cf9382deca">Shakespeare<name key="PSN0114889" style="hidden" type="person">Shakespeare, William (1564-1616)</name></persName>. Mais pour apprécier dignement une telle oeuvre, pour en comprendre la savante instrumentation, une seule audition est insuffisante: il faut l’entendre de nouveau, l’entendre souvent, l’entendre toujours. S’il est vrai, comme je l’ai lu quelque part, que vous soyez le Pygmalion<note resp="FMBC" style="hidden" type="single_place_comment" xml:id="note_97079c5d-5f1a-4e96-b270-774f3fc75eb9" xml:lang="fr ">Pygmalion – bezieht sich auf die antike Sage von Pygmalion und der Statue (Philostephanos, 3. Jahrhundert v. Chr.), in der sich Pygmalion als König von Zypern in eine elfenbeinerne Statue der Aphrodite verliebt und Geschlechtsverkehr mit ihr hat.</note> auquel le groupe du Laocoon<note resp="FMBC" style="hidden" type="single_place_comment" xml:id="note_fc11df48-5a7a-437c-9976-e40a71675e5f" xml:lang="fr ">le groupe du Laocoon – Die Laokoon-Gruppe der Vatikanischen Museen ist die bedeutendste Darstellung des Todeskampfs Laokoons und seiner Söhne in der bildenden Kunst. </note> devra un jour la vie et le mouvement, je ne saurais qu’applaudir à cette idée ingénieuse, avec tous les amis de l’art. Cette tâche serait belle et digne de celui que doit la remplir.</p> <p>Pardonnez-moi, Monsieur, cette longue lettre; je désirais vivement trouver l’occasion de vous exprimer la franche admiration que je professe pour votre beau talent; cette occasion s’est présentée, j’en profite avec empressement: c’est en même temps m’acquitter d’une dette envers votre illustre aïeul, pour les jouissances que m’ont procurées ses écrits.</p> <closer rend="left">Agréez, Monsieur, je vous prie, l’assurance de ma haute considération.</closer> <signed rend="right">Salvador Morhange</signed> <signed rend="left">Représentant de la maison <persName xml:id="persName_76dd3c0a-e31b-4b00-b1e8-7276443d799e">Méline Cans &amp; Cie<name key="PSN0119762" style="hidden" type="person">Meline, Cans et Compagnie, Verlag in Brüssel</name></persName> de <placeName xml:id="placeName_34151079-7189-415e-a41f-fdb2539b0c66">Bruxelles<settlement key="STM0100602" style="hidden" type="locality">Brüssel (Bruxelles)</settlement><country style="hidden">Belgien</country></placeName>.</signed> <signed rend="left"><persName xml:id="persName_4f487286-3d72-4c2e-ab8c-244066f8a8a3">Allgemeine Niederländische Buchhandlung<name key="PSN0119763" style="hidden" type="person">Allgemeine Niederländische Buchhandlung, in Leipzig</name></persName>, <placeName xml:id="placeName_97be4ff4-71a6-4f14-929f-2efd4d459e6d">Neuer Neumarkt<settlement key="STM0100116" style="hidden" type="locality">Leipzig</settlement><country style="hidden">Deutschland</country></placeName>.<note resp="FMBC" style="hidden" type="single_place_comment" xml:id="note_a36ea4a5-55de-4d1d-a4b2-11dd8e9fbf68" xml:lang="de">Allgemeine Niederländische Buchhandlung, Neuer Neumarkt – Eine Buchhandlung in Leipzig am Neuen Neumarkt.</note><note resp="FMBC" style="hidden" type="translation" xml:id="note_a68f0a2c-31d9-4cf5-bb64-100e6e51ca7e" xml:lang="fr ">Herr, / Ich bitte Sie tausendmal um Verzeihung, dass ich mir die Freiheit nehme, diese Zeilen an Sie zu richten; ich bin immer noch von dem gestrigen Abend verzaubert und kann dem Wunsch nicht widerstehen, Ihnen die Bewunderung auszudrücken, die Sie bei mir ausgelöst haben. Da Sie an Huldigungen gewöhnt bin, wird meine in Ihren Augen vielleicht nur von geringem Wert sein, aber seien Sie versichert, Herr, dass sie eine der wahrsten, aufrichtigsten, wenn nicht sogar wertvollsten ist. / Ich bin nach Deutschland gekommen, um mich an den Strahlen seines Genies zu wärmen, um aus der Nähe zu sehen, was ich bisher nur aus der Ferne bewundert hatte, und um ein Land in seiner organischen und praktischen Bewegung zu würdigen, das es verdient, an seinem Ursprung erforscht zu werden. Ich habe mich für Leipzig entschieden, und, wie ich Ihnen sagen werde, Herr! was hauptsächlich dazu beigetragen hat, dass ich dieser Stadt den Vorzug gegeben habe, war die Hoffnung, Sie dort zu hören, Sie dieses Orchester dirigieren zu sehen, dessen Exzellenz dank Ihres Könnens berühmt geworden ist. Dieses Vergnügen habe ich gestern in seiner ganzen Fülle genossen. Wie glücklich Sie sind, Herr, dass Sie einen so sanften Einfluss auf die Menge Ihrer Zuhörer ausüben können! Ich genieße die Gelegenheit, viele ausgezeichnete Künstler zu hören. Thalberg hat mich mit seiner wunderbaren, exzentrischen, kaltblütigen, ungestümen Ausführung und seinen kräftigen, aber berechneten Ausbrüchen erstaunt; – Herz hat mich mit seinem leichten und anmutigen Spiel bezaubert; – Ole-Bulls Bogen hat mich mit seinen Akkorden berührt, die von einer rührenden und jungfräulichen Blume der Poesie geprägt sind; – Nourrits Stimme rührte mich mit ihren lieblichen Akzenten und ihrem charmanten Ausdruck; aber in dem magischen Eindruck, den der gestrige Abend, dessen Held Sie waren, auf mich gemacht hat, sind all diese Gefühle auf einmal zusammengefasst. Sie haben mich in die so einfachen, naiven, reinen und großartigen Schönheiten Beethovens eingeführt. Alexander muss Tränen darüber vergossen haben, dass er nicht wie Achilles einen Homer hatte, um seine Siege zu besingen; – Beethoven, wenn er wieder leben könnte, würde auch weinen, aber vor Rührung, dass er in Ihnen einen so würdigen Interpreten seines Genies gefunden hat. / Ich bin kein Künstler, Herr, ich bin nur ein armer Laie, aber meine Seele ist dem Eindruck des Schönen zugänglich, das ich beurteile, nicht systematisch, nicht nach den strengen Regeln der Ästhetik, sondern nach dem Kriterium des Gefühls. Das soll mir in Ihren Augen als Entschuldigung dienen, wenn ich Ihnen in wenigen Worten erzähle, was ich gestern beim Hören Ihrer Ouvertüre zum Sommernachtstraum empfunden habe. / Dieses Werk erschien mir wie ein wunderbares Epos, in dem Sie alles, was Ihre Seele an Liebe, Duft und Poesie enthielt, niedergelegt haben. Diese Musik hat etwas Ideales, das die Vorstellungskraft trifft und das Herz überwältigt. Ich dachte, ich höre die Harfe von Ossian oder lese den fünften Gesang des Inferno, in dem Francesca da Rimini sagt: / La bocca mi bacio tutto tremante; |3| ich glaubte, in die Gärten der Armide versetzt zu werden; ich sah die von Schiller und Shakespeare geschaffenen Figuren vor meinen Augen sich bewegen. Aber um ein solches Werk würdig zu würdigen, um seine kunstvolle Instrumentierung zu verstehen, reicht ein einziges Hören nicht aus: Man muss es wieder hören, oft hören, immer hören. Wenn es stimmt, dass Sie, wie ich irgendwo gelesen habe, der Pygmalion sind, dem die Laokoon-Gruppe eines Tages Leben und Bewegung verdankt, dann kann ich nur gemeinsam mit allen Freunden der Kunst dieser genialen Idee applaudieren. Diese Aufgabe wäre schön und desjenigen würdig, der sie erfüllen soll. / Verzeihen Sie mir, Herr, diesen langen Brief; ich wollte unbedingt die Gelegenheit finden, Ihnen die ehrliche Bewunderung auszudrücken, die ich für Ihr schönes Talent empfinde; diese Gelegenheit hat sich mir geboten, und ich nutze sie eifrig: Gleichzeitig begleiche ich damit eine Schuld gegenüber Ihrem berühmten Vorfahren für die Freuden, die mir seine Schriften bereitet haben. / Bitte nehmen Sie die Versicherung meiner ausgezeichneten Hochachtung entgegen. / Salvador Morhange / Vertreter des Hauses Méline Cans &amp; Cie aus Brüssel / Allgemeine Niederländische Buchhandlung, Neuer Neumarkt.</note></signed> </div> </body> </text></TEI>